Meilleures pratiques

Comment mener à bien une collecte d’informations dans la cadre d’un rendez-vous extérieur ou d’une descente sur le terrain ?

L’ensemble des recommandations qui suivent, ont été recueillies auprès de 04 Experts du projet MOVIHCAM dans le cadre de la rencontre mensuelle sur le forum Experts du portail movihcam.org (Bertoua, Bafoussam, Kribi, N’gaoundéré). Sur le thème « Etapes clés d’une collecte d’informations réussie sur le terrain», il a été demandé aux experts de partager entre eux et surtout faire remonter les  approches de terrain en matière de collecte d’informations. Ce document pourra ainsi contribuer à apporter des éléments de compréhension, fournir des arguments et astuces aux personnes, en particulier les superviseurs de pairs éducateurs, qui travaillent sur le terrain afin d’optimiser leurs compétences, savoir-faire et être pour recueillir un maximum d’informations pertinentes lors des rendez-vous extérieurs ou descentes sur le terrain.

  1. Savoir maîtriser l’objet de sa descente ou de son rendez-vous et identifier, mobiliser les personnes ressources

Une fois par mois, les six Experts du programme MOVIHCAM sont appelés à effectuer des descentes de terrain en vue de collecter des informations auprès des personnes ressources dans le cadre des thématiques mensuelles. Dans six différentes villes d’intervention du projet, les informations collectées sur des thèmes spécifiques liés au VIH/Sida permettent de recueillir et mettre en évidence les principales tendances qui se dégagent (et qui très souvent se rejoignent) au sein d’une même population cible dans différents lieux géographiques afin de contribuer à apporter des éléments de compréhension et fournir des arguments aux personnes, en particulier les pairs éducateurs, qui travaillent sur le terrain. Cela leur permet de convaincre avec plus d’efficacité les bénéficiaires sur les attitudes et comportement à adopter face à la pandémie. Un questionnaire organisé en sous-thèmes est préparé au préalable avec différents points à aborder lors de l’entretien ainsi que les personnes ressources à rencontrer en vue de renseigner le formulaire mis en ligne à cet effet. Des discussions du forum il ressort qu’avant de rencontrer une personne ressource, l’Expert doit fixer ses objectifs d’entretien et connaître les moyens disponibles ou stratégies à mettre en place pour les atteindre. Il s’agit pour lui de travailler à la fois le fond – et notamment la connaissance de sa cible et son questionnaire – et la forme, pour ne pas être pris au dépourvu. Ainsi, il est à chaque fois important, de bien maîtriser l’objet de sa descente. Pour cela il faut : savoir pourquoi cette descente, qui interviewer, préparer son questionnaire et davantage regrouper les questions comme nous le précise ALUCOCIS+, Ngaoundéré  quand il dit qu’il faut : « élaborer son guide d’entretien ». Pour Ajembo Est, Bertoua, il est utile dans la préparation d’organiser son questionnaire. Il faut pour cela : «préparer les questions en fonction des catégories de personnes à rencontrer ». Par ailleurs, une fois la thématique comprise, il faut savoir identifier et bien plus encore savoir où trouver les personnes ressources potentielles. En ce sens, APCAS, Bafoussam nous dit : « Après que le thème nous ait été communiqué, nous identifions les personnes ressources lors des réunions mensuelles avec les PE. Dans les cas où le thème arrive après la réunion mensuelle, l’Expert se rapproche des PE CPS pour faire ce travail ».

 

  1. Savoir prendre contact, s’introduire et négocier un rendez-vous ou solliciter un entretien

Comme dans une prospection, l’introduction ou présentation est capitale dans la suite qui sera réservée à votre demande. En ce sens, il faut savoir faire preuve d’esprit de synthèse afin de faire gagner du temps à son interlocuteur. Mais être assez convaincant pour décrocher un entretien. La présentation est une étape clé selon nos Experts. Une première prise de contact permet en effet de s’introduire, de présenter l’objet de l’entretien et de prendre la disponibilité comme le fait WOPA, Kribi quand elle note : « l’expert commence par cibler les personnes ressources à rencontrer, se rapproche de ces personnes, leur explique le contexte dans lequel se fait la collecte d’informations et le bien-fondé de cette activité ». Une fois la présentation faite, il faut savoir jouer de ses atouts de négociateur afin d’obtenir le rendez-vous à une heure et un lieu à la convenance de la personne sollicitée, car la personne ressource n’a pas toujours beaucoup de temps à vous consacrer. C’est pourquoi ALUCOCIS+, Ngaoundéré affirme qu’il faut savoir: « négocier les conditions d’entretien (lui parler du pourquoi on est là et pourquoi on la sollicite, fixer la date et l’heure et le lieu de l’entretien). Pendant que WOPA, Kribi, propose à cet effet de : « …demander à passer un entretien avec ces personnes individuellement en se rapprochant d’elles. Une fois que c’est fait, la personne ressource nous dit si oui ou non elle peut être disponible et si oui, elle nous donnera des indications sur les heures creuses de son emploi du temps où elle peut nous consacrer son attention. Maintenant, en fonction de cela, le jour, le lieu et l’heure du rendez-vous sont fixés de commun accord. La petite astuce ici est de prévoir un autre rendez-vous au cas où la personne ciblée aurait une indisponibilité ponctuelle pour que votre activité se fasse dans les délais, au cas où la date du rendez-vous est reportée à une date qui ne vous arrange pas selon votre planning ». Mais malgré ce travail de préparation ou d’anticipation, il n’est pas rare d’être confronté à des cas de forces de majeurs où il faut faire face à des situations d’indisponibilité de dernière minute. Et dans ces situations, Ajembo Est juge nécessaire : « …d’identifier au moins deux personnes ressources afin de palier un éventuel désistement ».

  1. Savoir conduire l’entretien et faire le suivi post-rencontre

Quand le Jour-Jarrive, il est important pour l’Expert d’être ponctuel comme l’affirme WOPA, Kribi : « Le jour J, l’expert doit arriver une dizaine de minutes avant l’entretien question de ne pas faire perdre patience à l’interviewé ». Aussi, doit-il avoir tout le nécessaire pour prendre les notes. Il s’agit notamment selon Ajembo Est et WOPA, Kribi pour lui d’être : « …prémuni de ses outils pour la collecte, en l’occurrence du questionnaire, un bloc note, un stylo, et pourquoi pas de son téléphone de travail pour utiliser l’enregistreur vocal (avec la permission de l’interviewé), question de synthétiser minutieusement les informations de retour de l’activité ». Une fois de plus, il devra selon Ajembo Est, Bertoua se présenter, présenter le projet et repréciser l’objet de la collecte : « …au début on se présente, on présente notre structure/OBC, puis  présenter brièvement le programme pour lequel nous sommes là (MOVIHCAM, le cas échéant) ; ensuite repréciser l’objectif de la collecte d’information et la nécessité d’avoir des informations aussi précises que possible, et assurer la confidentialité des informations données[1] et demander si l’on peut débuter». En effet, l’interviewé doit être suffisamment mis en confiance afin de pouvoir s’ouvrir à son interlocuteur. D’où la nécessité selon Ajembo Est de donner toutes les détails possibles au début de l’entretien et pourquoi pas d’aborder l’entretien avec humour : «…souvent au début de l’entretien, où je peux être amené à expliquer à la personne que nous aborderons des sujets ou questions à caractère personnel.  Il faut arriver à créer un certain climat détendu, généralement j’aborde l’entretien avec beaucoup d’humour, cela détend la personne ». Par ailleurs, pendant l’interview, il doit faire savoir faire preuve d’écoute active. Ceci demande notamment selon WOPA, Kribi de : « …utiliser les relances, les reformulations pour recentrer à chaque fois la conversation et obtenir des informations filtrées ». Une approche également partagée par Ajembo Est, Bertoua quand il dit : « …toujours relancer la question dont on n’est pas sûr d’avoir la réponse attendu et avoir le plus d’information possible ». A la fin de l’entretien, toujours faire preuve de reconnaissance pour le temps qui vous a été consacré comme Ajembo Est le déclare, il faut : «…remercier la personne ». Mais aussi selon WOPA, Kribi ou encore ALUCOSIS+, Ngaoundéré : « faire une synthèse et renseigner la fiche correspondante. Après avoir terminé avec les différents rendez-vous, synthétiser à nouveau et renseigner le formulaire sur le portail MOVIHCAM »[2].

[1] Elles ne sont pas utilisées en dehors de ce programme MOVIHCAM conduit par Moto Action.

[2] Dans le cadre de ce projet, nous proposons chaque mois, une synthèse au public accessible via movihcam.org à travers la rubrique « Thématiques ». Vous pouvez également inviter votre interlocuteur à la lire afin de découvrir l’exploitation qui a été faite des données recueillies.