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Rôle et apports du programme MOVIHCAM aux points focaux camionneurs et motos taxis

Les contributions qui suivent ont été collectées sur le terrain par les 05 Experts du projet MOVIHCAM dans les villes suivantes : Bertoua, Bafoussam, Batouri, Douala, Kribi, sur le thème ‘Rôle et apports du programme MOVIHCAM au point focal camionneur et motos taxis dans la cadre du programme MOVIHCAM’, il a été demandé aux experts d’interviewer les points focaux camionneurs afin de relever quel a été leur rôle dans le cadre du programme MOVIHCAM ainsi que les apports personnels et professionnels de ce dernier dans leur rôle de point focal et leur fonction sur le parc à camions. Les informations collectées permettent de mettre en évidence les principales tendances qui se dégagent (et qui très souvent se rejoignent) au sein d’une même population cible dans différents lieux géographiques. Ce document pourra ainsi contribuer à apporter des éléments de compréhension et fournir des informations aux personnes, en particulier les programmes souhaitant adapter l’approche de mobilisation par le point focal camionneur, qui travaillent sur le terrain afin de donner des recommandations quant à la façon dont ils devraient se déployer : les choses à faire et les difficultés à contourner dans l’implémentation de la stratégie de mobilisation par le point  focal camionneur.

La tendance principale qui se dégage est un rôle important d’intermédiaire assuré par le point focal camionneur ou motos taxis qui facilite le contact et la mobilisation de ses pairs pour des causeries éducatives même s’il subsiste quelques difficultés dans l’implémentation du travail et des activités avec l’OBC, le bailleur et les pairs à certaines périodes de l’année et selon l’environnement socioculturel.

A la question « combien de temps avez-vous déjà passé dans le parc  à camions, sur le camp de motos taxis ou dans le secteur d’activité », on note de prime abord que la majeure partie des points focaux camionneurs ont beaucoup d’expériences sur le parc à camions dans le métier. Ils sont notamment deux (Bertoua, Kribi) à avoir accumulé  six années quand trois d’entre eux ont accumulé au total deux années (Bafoussam), huit années (Batouri) et sept années (Douala) d’expérience.

Leur fonction varie cependant sur les parcs à camions ou dans le camp avec en l’occurrence un responsable de parc ou un chef de camp qui s’occupe de la distribution des tickets et de la collecte des fonds du droit de parking/stationnement pour la Mairie (Bertoua), un vendeur de bordereaux d’acheminement des marchandises par camion sur le réseau routier (Bafoussam), un cérémuleur (Batouri), un mécanicien (Douala), un vendeur de gasoil (Kribi).

Quant à savoir depuis combien de temps, ils travaillent pour MOVIHCAM, deux d’entre eux nous disent qu’ils collaborent depuis une année (Bertoua, Bafoussam) pendant que deux depuis une année et demie (Batouri, Kribi) et un depuis  trois mois (Douala).

Au sujet de ce qu’ils ont retenu et acquis du projet MOVIHCAM, les points focaux révèlent que le programme MOVIHCAM est un programme qui travaille avec des OBC notamment sur les questions de sensibilisation des transporteurs (Bertoua). Il forme sur les techniques de sensibilisation des camionneurs avec des outils spécifiques en ayant recours également à la mobilisation des camionneurs par le point focal (Bafoussam). Il  vise à professionnaliser les OBC qui luttent contre le VIH/SIDA en direction du monde de transport et à faire en sorte que la population du monde de transport change de comportement en réduisant au maximum les prises de risques d’infection à VIH (Batouri), on retient d’eux que le projet vise à sensibiliser les camionneurs sur le VIH/SIDA afin qu’ils soit conscient et puissent changer de comportement (Douala) et que le programme appuie les associations qui font la prévention VIH/Sida en direction des camionneurs et des moto taximen (Kribi).

Les apports pour le programme à leur encontre sont nombreux. Ils avouent notamment qu’ils ont personnellement amélioré leurs connaissances et revu leurs préjugés sur les IST/VIH/sida, puis partager ces connaissances avec d’autres camionneurs ou conducteurs de motos taxis, qui désormais, viennent les voir et leur parlent de leur moindre problème de santé et qu’ils se sentent désormais plus utiles pour leurs collègues (Bertoua).  Ils ont acquis les nouvelles connaissances en ce qui concerne le VIH/sida et les IST tant sur la population générale que chez les camionneurs, la capacité et l’aptitude à pouvoir sensibiliser les camionneurs sur les bonnes informations sur le VIH/sida et IST (Bafoussam, Douala, Kribi). Le projet leur a fait prendre conscience de certains comportements sexuels à ne pas adopter pour éviter au maximum les risques de contraction du virus (Batouri) et quelques règles de la prévention routière et sexuelle (Kribi).

Quand on leur demande ce que le programme a apporté aux camionneurs et aux motos taxis, les retours sont convergents dans la plupart des cas. Ils ont acquis des connaissances sur les IST/VIH/sida, et cela les a surtout aidés à déconstruire leurs préjugés et fausses croyances sur ces sujets-là de manière ludique et les outils ont eu une place importante dans ce travail (Bertoua, Kribi). Ils ont désormais une bonne connaissance des risques qu’ils prennent au cours de leur voyage et connaissent l’usage correct et systématique du préservatif (Bafoussam).  Ce projet a permis aux camionneurs et aux motos taxis de réduire au maximum les risques d’infections à VIH et autres IST (Batouri) ; un enseignement en suite une mise en garde et enfin une interpellation sur les dangers sexuels (Espoir+) et des connaissances sur les parallèles préventions routière et sexuelle (Kribi).

La collaboration avec les OBC n’a cependant pas été facile au début, et pourtant, ils sont quand même parvenus à surmonter les obstacles pour mener à bien le travail. Ils disent notamment qu’au départ c’était moins organisé, mais  par la suite ils ont compris qu’il était nécessaire de prévenir au moins un  jour à l’avance de la tenue d’une éventuelle causerie, ce qui leur donnait le temps de s’organiser à leur niveau afin de se rendre disponible pour l’activité et rendre encore plus crédible l’activité sur le parc. Aussi, faut-il le dire les membres de l’OBC étaient très professionnels dans leur façon de faire et donc la collaboration était bonne et il y avait beaucoup de rigueur dans le travail (APCAS). Par ailleurs, malgré certaines incompréhensions entre eux et l’OBC au départ notamment en termes d’horaires de travail, d’obligations et objectifs à atteindre dans ce projet, le travail était fait et de façon conjointe (Batouri). Les causeries éducatives, les réunions et le travail sur le terrain permettaient par ailleurs de s’accorder sur l’organisation du travail (Kribi).

En matière de mobilisation, ils notent également que les débuts n’étaient roses, car l’activité était nouvelle pour eux et pour les camionneurs sur leurs parcs ou les motos taxis dans les carrefours. Ils avouent que c’était difficile au départ parce que les camionneurs et motos taxis n’étaient pas encore très bien sensibilisés sur les questions de VIH/sida et IST. Mais qu’au fil du temps ils commencent à comprendre : ce qui facilite peu à peu la mobilisation (Bertoua, Bafoussam). Heureusement que les outils ont contribué à rendre la causerie plus détendue, la mobilisation est devenue moins compliquée, les gens se rendaient disponibles pour participer aux activités (Bertoua, Douala). Ce qui rendait la mobilisation difficile, c’était aussi la mobilité et leurs contraintes professionnelles des camionneurs qui étaient toujours prêts à partir, très pressés ! D’autres qui n’étaient pas sur le point de partir refusaient même de causer et il fallait les amener à comprendre, bien expliquer pourquoi ils sont là pour qu’ils acceptent de les écouter. D’autres voulaient d’abord voir la motivation parce qu’ils ne voulaient pas perdre le temps pour rien (Kribi). Ils faisaient par ailleurs face à des difficultés quelques fois de contretemps avec leur emploi du temps travail ; ce qui décalait un peu le processus de mobilisation (Batouri). Mais, il est intéressant de savoir que la notoriété du point focal comptait pour beaucoup et ainsi les camionneurs ou les motos taxis n’opposaient pas une véritable résistance (Douala) même si en période de ramadan dans le zones musulmanes en l’occurrence, le travail était ralenti à cause du jeûn et du fait qu’ils ne pouvaient pas parler de certains sujets (Batouri, Bertoua).

Quand ils reviennent néanmoins sur les sujets de causeries, outils et activités qui les ont le plus marqué, ils citent les IST/VIH/sida (Bertoua, Bafoussam), le port correct et systématique du préservatif (Douala), l’administration du quiz, les différentes situations déroulées sur la boîte à image, le jeu de cartes très efficaces pour déconstruire les fausses croyances chez les camionneurs (Douala), le dépistage volontaire ; le traitement; le port correct   du préservatif (Batouri) ; le multi partenariat, le dépistage et la vie positive (Kribi).

Avec l’exercice de remplissage de la fiche de mobilisation, l’expérience était intéressante même si quelques fois, il fallait l’appui de l’Expert pour ceux par ailleurs qui ne savent pas forcément écrire (Bertoua, Batouri, Kribi).  Certains le trouvaient simple à remplir et compréhensible (Bafoussam, Douala).

Avec les réunions à l’OBC, ils évoquent plusieurs apports. Ils ont notamment eu de nouvelles  informations sur les IST/VIH/SIDA et ils ont également apprécié la disponibilité de l’Expert et du PE pour tout problème de santé concernant un camionneur ou un conducteur de moto taxi en même temps qu’ils les capacitaient sur leurs propres connaissances afin qu’ils soient capables de répondre aux questions des camionneurs (Bertoua, Bafoussam, Kribi). Ces réunions leur ont également permis de connaitre comment organiser une réunion, de savoir s’exprimer en public (Batouri).

En termes de faiblesses qu’ils ont constaté à leur niveau par rapport à l’appui qu’ils apportaient au projet  et par rapport au projet lui-même, ils pensent globalement qu’ils se sont efforcés de remplir leur cahier des charges mais que le projet en leur donnant plus de responsabilités devait également penser aux ressources en termes de communication  ou encore améliorer l’indemnité du point focal. Ils soulèvent également les retards dans la transmission des fonds pour un meilleur déploiement sur le terrain, une meilleure motivation du point focal (Bertoua, Batouri, Bafoussam). A leur niveau, pour certains, ils relèvent leur faible niveau de connaissances dans le domaine du VIH/sida (Bafoussam) qui a dû évoluer au fur et à mesure du projet. Pendant que d’autres n’ont pas noté de faiblesses majeures (Douala, Kribi).

Enfin, s’il fallait reproduire la même expérience, les conseils qu’ils proposent, à l’OBC et à Moto Action pour améliorer la qualité de votre travail, les relations avec les PE, les relations avec l’Expert : que les responsables d’OBC s’impliquent d’avantages aux activités et gardent une relation étroite avec le Point Focal (Bertoua) ; que le Point Focal soit également formé à la pair éducation et à l’utilisation des outils de sensibilisation et doit en avoir aussi, car il reste le relais auprès des camionneurs ou des motos taxis (Bertoua) ; que la Mairie soit impliquée dans les activités afin qu’ils en comprennent la nécessité et collabore avec les acteurs de terrain tels que les OBC (Bertoua). En ce qui concerne le bailleur,  ils proposent que celui-ci revoit l’indemnité du point focal à la hausse pour un plus grand déploiement sur le terrain et ajouter prévoir des forfaits de communication pour permettre au point focal d’être permanemment en contact avec l’Expert (Bafoussam, Batouri) et former également le point focal sur la mobilisation (Kribi).