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L’usage du préservatif chez les conducteurs de motos-taxis

L’USAGE DU PRESERVATIF CHEZ LES CONDUCTEURS DE MOTOS-TAXIS

Les contributions qui suivent ont été collectées sur le terrain par les 05 Experts du projet MOVIHCAM dans les villes suivantes : Bafoussam, Batouri, Douala, Kribi, N’Gaoundéré. Sur le thème ‘Usage du préservatif’, il a été demandé aux experts d’interviewer des travailleuses de sexe ainsi que des conducteurs de motos-taxis afin de relever leurs perceptions, freins, croyances par rapport au préservatif et son usage. Les informations collectées permettent de mettre en évidence les principales tendances qui se dégagent (et qui très souvent se rejoignent) au sein d’une même population cible dans différents lieux géographiques. Ce document pourra ainsi contribuer à apporter des éléments de compréhension et fournir des arguments aux personnes, en particulier les pairs éducateurs, qui travaillent sur le terrain afin de convaincre avec plus d’efficacité les conducteurs de motos-taxis à continuer l’usage du préservatif et davantage ceux qui par déni ou ignorance s’exposent au risque d’infection ou entretiennent encore des croyances et /ou des freins liés à l’usage du préservatif.

Globalement une grande tendance se dégage à savoir : un usage systématique du préservatif chez les conducteurs de motos-taxis même si quelques croyances et/ou freins persistent.

En effet,  les conducteurs de motos-taxis sont bien conscients : « Le Sida existe» affirment-ils à l’unanimité (Bafoussam, Batouri, Douala, Kribi, N’Gaoundéré). Une déclaration qui rejoint les résultats de l’étude CAP motos-taxis réalisée sur près de 1411 conducteurs de motos-taxis par Moto Action en 2016. Une étude qui a révélé que 98% des CMT avaient déjà entendu parler du VIH.

Selon la même étude, la majorité des conducteurs de motos-taxis interrogés soit 35,1% de la population déclare avoir eu des rapports sexuels avec des TS pendant que 91,9% des personnes interrogées déclarent se protéger ou utiliser un systématiquement un préservatif lors des rapports avec les travailleuses de sexe (TS).

DETAILS DES REPONSES DONNEES

A la question, les conducteurs de motos-taxis sont-ils en général disposés à utiliser les préservatifs, les travailleuses/professionnelles de sexe dans l’ensemble des villes affirment que  les conducteurs de motos-taxis « sont conscients que le VIH existe, et savent que le préservatif est la seule arme qui peut empêcher la maladie.  Ils sont même les premiers à négocier le port du préservatif et viennent même souvent avec leurs propres préservatifs. Pour eux, le préservatif est la carte d’identité ; il ne faut jamais marcher sans çà » (Bafoussam, Batouri, Douala, Kribi, N’Gaoundéré).

Si les conducteurs de motos-taxis sont bien conscients que le VIH/Sida existe et de ce fait adoptent les comportements responsables, il faut noter tout de même qu’un certain nombre de croyances (idées, opinions) persistent encore à savoir :

  • Le préservatif empêche d’atteindre l’orgasme ou encore le préservatif empêche de jouir (Douala, Batouri) ;
  • Seuls les hommes infidèles ont recours au préservatif (Douala) ;
  • Le préservatif est contaminé (Bafoussam) ;
  • Le préservatif diminue le plaisir (Ngaoundéré) ;
  • Uriner après le rapport empêche de contracter le virus (Bafoussam) ;
  • L’ « huile » du préservatif rend impuissant et donne des démangeaisons (Kribi, Batouri).

Des croyances auxquelles s’ajoutent des freins en l’occurrence :

  • L’islam interdit l’usage du préservatif (Ngaoundéré) ;
  • Les décoctions traditionnelles protègent des maladies (Kribi).

Quand on se tourne vers les conducteurs de motos-taxis et on leur adresse les mêmes questions, les réponses se rejoignent quant à l’usage du préservatif. Que ce soit avec les partenaires occasionnelles, des clientes ou des travailleuses de sexe, le préservatif est utilisé même s’il n’est pas toujours source de confort chez ces derniers (Douala, Batouri, Ngaoundéré). Des réponses que confirme l’étude CAP motos-taxis. Une étude qui met en évidence que 69% des conducteurs interrogés affirment avoir utilisé systématiquement un préservatif lors des rapports contre 13% affirmant ne jamais l’utiliser avec des partenaires occasionnelles. Au même moment, 58,9% déclarent avoir utilisé systématiquement un préservatif lors des rapports avec les clientes et dans 72% des cas, c’était à l’initiative du conducteur de motos-taxis contre 19% issue d’une décision commune. Enfin, quand il s’agit des travailleuses de sexe, 91,9% utilisent systématiquement un préservatif sur proposition du conducteur dans 39,1% des cas, sur proposition de la TS dans 35,3% des cas et issue d’une décision commune dans 23,3% des cas. Cependant, il faut noter qu’il existe encore une minorité dans le déni de la maladie (Ngaoundéré).

Par ailleurs, en ce qui concerne les croyances, on relève que la religion ou encore la tradition occupent une place de choix en termes de freins à l’usage du préservatif chez les conducteurs de motos-taxis (Ngaoundéré, Kribi, Batouri).